DIX TENDANCES POUR UN MONDE CARBONEUTRE

02. Electric Avenue

Les restrictions sur les déplacements pour limiter la propagation de COVID-19 a fait dégringoler les niveaux de mobilité, en termes de géographie et partout dans le monde. Des vols au long cours aux excursions locales pour faire ses emplettes, le mouvement des populations s’est effondré. L’étendue et la durée des changements signifie que les effets sur notre mobilité pourraient durer longtemps.

Difficile de dire de quoi aura l’air la situation après la pandémie. Certaines des tendances émergentes qui furent accélérées par la pandémie se résorbent, alors que d’autres persistent. Bien que les chiffres sur l’occupation des bureaux continuent de monter, bien des employés travaillent encore de la maison plusieurs jours par semaine. La circulation piétonnière dans les commerces de détail est toujours en-deçà du niveau pré-COVID, alors que les ventes en ligne demeurent près du niveau atteint pendant le confinement. Le nombre de vols et de passagers demeurent très inférieurs à la normale. Et même après la levée des restrictions, le nombre de voyages d’affaires devrait demeurer bas puisqu’il y a encore des réunions virtuelles1.

Dans la plupart des cas, la reprise de la mobilité devrait être perçue comme un bon signe : que les affaires se rapprochent de la « normale ». Cependant, du point de vue environnemental, la dernière chose que l’on souhaite, c’est un retour à la « normale ». L’effondrement des voyages a fait chuter le prix du pétrole, le brut allant même dans le négatif lorsque les surplus dépassaient la capacité de stockage. À leur plus bas en mars 2020, les émissions des voitures et motos en Europe ont baissé de 88 %. Les émissions mondiales ont baissé de 7 % en 2020 en raison de la pandémie2. Les gouvernements municipaux et nationaux veulent maintenir ces gains inattendus au fil de la reprise.

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À leur plus bas en mars 2020, les émissions des voitures et motos en Europe ont baissé de 88 %

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Les émissions mondiales ont baissé de 7 % en 2020 en raison de la pandémie.

Changement de voie

À Paris, environ 50 kilomètres de pistes cyclables temporaires ont été dégagées dans toute la ville en 2020 pour permettre une forme de transport collectif à faible risque de propagation et sans intensification des célèbres bouchons parisiens. L’opération fut un si grand succès que la ville a rendu les pistes permanentes, en ajout aux 1 000 kilomètres de l’infrastructure cyclable existante, et ce n’est qu’un début. Le vélo compte maintenant pour près de 15 % des déplacements effectués dans la capitale française3.

Au Royaume-Uni, Birmingham est l’une des quelques villes qui ont instauré une zone d‘air pur (ZAP). Cette initiative impose une taxe sur les voitures qui entrent au centre-ville selon leurs émissions. Plus elles émettent de GES, plus elles sont taxées. Depuis son instauration en juin 2021, les données mobiles Apple montrent que la ZAP a déjà un effet visible. Le transport collectif et la circulation piétonne à Birmingham ont augmenté de 56 % et de 38 % respectivement dans les trois mois du programme. Les déplacements en voiture ont augmenté de seulement 12 % au cours de la même période4.

LES EFFETS DE LA ZONE D’AIR PUR DE BIRMINGHAM

Comme les autobus et trains émettent environ 100 g et 2 g de CO2 par passager par kilomètre respectivement, comparé à environ 280 g pour une petite voiture, l’impact carbone est significatif (le transport actif, comme la marche ou le vélo, ne produit aucune émission directe, sans compter les avantages considérables pour la santé physique et mentale5). Et Londres, qui a déjà un système de péage pour la congestion routière, vient d’agrandir sa zone à émissions ultra-faibles (ZEUF) pour inclure la majeure partie de la ville, ce qui coûte 12,50 £ (17 $US) par jour aux chauffeurs de vieux véhicules.

L’image de marque, qui reconnait que cette politique vise à réduire les émissions et non la congestion, reflète le changement de mentalité du public. La convenance personnelle est vue comme moins importante que la protection de la planète et vient maintenant à un prix. Là où les gens choisissent encore de se déplacer en voiture, des initiatives sont en marche pour quand même réduire l’impact environnemental de leur déplacement. La prochaine version de Google Maps montrera aux conducteurs leur trajet causant le moins d’émissions de carbone, compte tenu de la circulation et des conditions routières. Dans le cas où deux trajets ont la même durée, l’application montrera par défaut l’option à émissions moindres.

La convenance personnelle est vue comme moins importante que la protection de la planète et vient maintenant à un prix.

Dans de nombreux cas, et sûrement jusqu’à ce que les infrastructures de transport public et les programmes de planification urbaine s’adaptent, les gens n’arriveront pas à se sevrer de leur dépendance à leur voiture. Les véhicules électriques sont donc vus comme un élément clé de la solution. La demande laisse déjà supposer qu’ils seront vite adoptés à grande échelle. Les ventes mondiales de véhicules électriques en 2021 devraient augmenter de 49 % comparativement à celles de 2020, qui elles étaient en hausse de 30 % par rapport à 20196.

Tous les grands fabricants automobiles ont annoncé des plans ambitieux pour élargir leur gamme de véhicules électriques, souvent de concert avec un abandon progressif des modèles à essence et au diesel. En plus de refléter la demande des clients, de telles actions constituent une réponse aux annonces gouvernementales des interdictions imminentes des véhicules à moteurs à combustion7. Les données américaines montrent clairement que les règlementations sur les émissions de GES sont un moteur indéniable des ventes de véhicules électriques8 et d’autres annonces du genre sont attendues.

Les ventes mondiales de véhicules électriques en 2021 devraient augmenter de 49 % comparativement à celles de 2020, qui elles étaient en hausse de 30 % par rapport à 2019.

VENTES MONDIALES DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES

Évidemment, les infrastructures actuelles sont insuffisantes pour étendre l’adoption de véhicules électriques, mais les choses changent là aussi. Dans son plan d’infrastructures de 2 billions de dollars, le président américain Joe Biden a accordé 174 G$ pour faire mousser leur adoption partout au pays, ce qui inclut l’installation de 500 000 points de recharge et l’électrification de la flotte fédérale et des autobus scolaires, en plus de 85 G$ en investissements dans les transports collectifs. De tels fonds publics sont essentiels, notamment pour convaincre le secteur public (parfois dubitatif) que le discours politique sur la cause du carbone sera appuyé par des gestes et des fonds, encourageant les capitaux privés à exploiter les occasions d’investissement en place.

Le changement des modèles de mobilité affecte l’immobilier

Les ramifications de ces changements pour le monde de l’immobilier commercial sont immenses. La distribution de l’activité et des immeubles, qu’elle soit mondiale ou locale, est mue par notre façon de nous déplacer et à quel moment nous le faisons. Les changements fondamentaux de nos modèles de mobilité entraîneront donc des conséquences pour les occupants, les investisseurs et les promoteurs. Nous croyons que plusieurs questions ont été soulevées par des événements récents qui méritent notre attention.

Tel que nous en faisons état dans « Main d’œuvre pour la nature », les occupants accordent de plus en plus d’importance aux questions ESG. Ceux qui cherchent à rencontrer des objectifs basés sur des données scientifiques pour réduire leur empreinte climatique devront tenir compte de leurs émissions de type 3, qui comprennent comment les employés se rendent au bureau. Ainsi, une prime augmentée sera désignée pour les lieux et immeubles situés près des transports collectifs ou dans des secteurs avec de robustes infrastructures de transport actif. Les autorités de planification se concentreront davantage sur la façon de concevoir et de modeler les environnements urbains de façon à réduire les émissions, ce qui aura des effets sur le zonage des terrains et les politiques de développement puisque la densité de population est l’un des premiers facteurs d’émissions par les transports9.

UNE PLUS FORTE DENSITÉ FAIT AUGMENTER LE TRANSPORT ACTIF, CE QUI OCCASIONNE UNE BAISSE DES ÉMISSIONS

DUES AUX TRANSPORTS

Les immeubles de commerces de détail pourraient également tenter de capitaliser les avantages des transports actifs. Une étude examinant 14 villes américaines révèle que les pistes cyclables et autres améliorations environnementales ont un effet positif sur l’emploi et la performance dans ce type de commerce, surtout pour créer des habitudes dans les points de vente de produits alimentaires10. Pendant le confinement, bien des rues se sont fait réduire leur circulation automobile ou ont été piétonnisées. Le maintien de telles mesures aidera à réduire les émissions de carbone, en aidant à la viabilité et la vitalité des commerces environnants11. La réduction de la pollution de l’air et de la pollution sonore due aux véhicules électriques signifie que des secteurs de nos villes deviendront beaucoup plus agréables à fréquenter. Les immeubles près des grandes artères subiront moins de baisse de valeur, ce qui aura des effets considérables pour le marché résidentiel et intéressera les investisseurs et promoteurs qui pensent sur le long terme.

On peut compter sur une occasion en or sur le marché de la recharge de véhicules électriques, dont la valeur devrait atteindre 36 milliards d’euros en 2030 seulement en Europe12. Bien que les résidences et les lieux de travail devront fournir une bonne partie de la capacité de chargement, les stationnements et les détaillants pourront également attirer des clients et intensifier la fréquentation de leur établissement en installant des points de chargement pour leurs clients. Les pistes cyclables et les véhicules électriques ne sont pas une panacée pour les problèmes qui guettent nos villes et notre climat. Aucune baguette magique ou solution unique ne peut tout régler. Les villes, grandes et petites, devront trouver leurs propres solutions. Mais au fil du temps, de tels changements modifieront la forme et la structure de notre environnement urbain, avec des défis et des occasions pour chaque aspect du marché immobilier.


1https://www2.deloitte.com/us/en/insights/focus/transportation/future-of-business-travel-post-covid.html 2https://www.sia-partners.com/en/news-and-publications/from-our-experts/roadmap-reducing-carbon-emissions 3https://www.francetoday.com/travel/paris/the-paris-bicycle-boom/ 4Analyse d'Avison Young des rapports sur les tendances de la mobilité d'Apple ; https://covid19.apple.com/mobility 5https://www.gov.uk/government/publications/greenhouse-gas-reporting-conversion-factors-2021 6https://www.ev-volumes.com/ 7ICCT, 2021. Update on government targets for phasing out new sales of internal combustion engine passenger cars. https://theicct.org/publications 8https://theicct.org/publications/ev-us-market-growth-cities-sept21 9https://www.centreforcities.org/reader/net-zero-decarbonising-the-city/cities-need-to-become-denser-to-achieve-net-zero/ 10https://nitc.trec.pdx.edu/research/project/1161 11https://www.justeconomics.co.uk/education-employment-and-economic-development/the-pedestrian-pound 12Chargeup, 2021. Charging up Europe through binding capacity targets for publicly accessible charging infrastructure and Member State action plans. https://static1.squarespace.com/static/5e4f9d80c0af800afd6a8048/t/60d426dda0462c583a9d0353/1624516320310/Charging+up+Europe+through+binding+capacity+targets+for+publicly+accessible+charging+infrastructure+and+Member+State+action+plans+.pdf

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