RAPPORT DU MARCHÉ DES BUREAUX | 4e TRIMESTRE 2021

Tendances

Regain d’activité à prévoir

Dès le début du quatrième trimestre, une fois la vague de contagion du variant Delta sous contrôle grâce aux taux élevés de vaccination, les entreprises avaient commencé à énoncer plus clairement leurs plans de ramener les travailleurs au bureau.

Un retour progressif à la vie au bureau, essentiellement en formule hybride, se dessinait clairement pour les premiers mois de 2022. La transmission fulgurante du nouveau variant Omicron a pris toute la société de court, forçant gouvernements et entreprises à faire marche arrière. L’ère post-Covid n’est vraisemblablement pas pour demain et en attendant, la vie poursuivra son cours, deux pas en avant, un pas en arrière. Aussi pénible que ce retour en arrière puisse être, il ne fera que reporter de quelques mois la reprise d’une vie plus normale tant attendue.

Or, nous sommes encore loin de cette vie normale et les principaux pôles de bureaux sont presque déserts, comme nous permet de constater l’Indice de vitalité d’Avison Young. S’appuyant sur une technologie de pointe, l’Indice de vitalité mesure quotidiennement, à partir de données de géolocalisation anonymisées émises par les téléphones cellulaires, le volume de visiteurs pour des sites de référence dans 23 grandes villes en Amérique du Nord. En comparant l’évolution en temps réel de l’achalandage piétonniers des divers pôles de bureaux depuis les premiers jours de confinement en mars 2020, on constate que les villes canadiennes où les mesures sanitaires imposées pour contrer la propagation d’Omicron au retour du congé des fêtes ont été les plus strictes se retrouvent le plus loin de leurs niveaux d’achalandage prépandémie.

L’indice pour les sites de référence à Montréal montre aussi un regain significatif de fréquentation dès la mi-septembre, suivi d’une hausse constante, semaine après semaine, jusqu’à la mi-décembre. La levée des restrictions de retour au bureau aura certainement un impact direct, puisque ceux qui préfèreraient travailler à partir du bureau en ce moment recommenceront en théorie à y aller, que ce soit à temps plein ou à temps partiel. Or, la date de retour annoncée par le Gouvernement du Québec ne correspond pas nécessairement aux dates de retour que les entreprises avaient prévues. En effet, les politiques varient d’une organisation à l’autre; certaines prônent un retour progressif, d’autres visent mars, avril ou même juin. Les politiques pour la deuxième moitié de l’année pourraient changer. L’indice Avison Young nous permettra de suivre cette évolution de l’achalandage en temps réel et de prendre le pouls de la vie urbaine.

Un terme au télétravail comme mesure sanitaire

À partir du 28 février, le télétravail ne sera plus obligatoire, même si la Santé publique continuera de le recommander à grande échelle, incitant ainsi les employeurs à repousser encore une fois la mise en oeuvre des politiques de retour au bureau planifiées avant que le variant Omicron ne nous prenne tous de court. Le recours au télétravail comme mesure sanitaire a bien servi les entreprises au début de la pandémie en leur permettant même des gains en productivité, et la majorité des employés de bureaux s’en sont très bien accommodé.

Or, au fil des mois, les effets pervers du télétravail à temps plein se manifeste de plus en plus. Une récente enquête mondiale de Microsoft confirme que si les télétravailleurs ont été aussi productifs, voire plus, au cours de l'année écoulée, ce fut à un coût humain important : 54 % des personnes interrogées ont déclaré se sentir surmenées et 39 % épuisées. Le temps passé dans les réunions Microsoft Teams a plus que doublé (2,5 fois) à l'échelle mondiale et la réunion moyenne dure dix minutes de plus qu’avant la pandémie. Les études sur les effets néfastes liés à la surutilisation des plateformes de rencontres virtuelles et le phénomène du « Zoom-fatigue » se multiplient. Selon une étude exhaustive publiée récemment par le Stanford Virtual Human Interaction Lab, l’effort supplémentaire que doit fournir le cerveau pour envoyer et recevoir les signaux de communication non verbale, qui se font inconsciemment et naturellement en personne, contribue à cette fatigue mentale. De plus, ce mode de communication oblige les interlocuteurs à demeurer relativement immobiles, fixés devant leur écran, ce qui n'est pas sain.

Par ailleurs, la logique derrière le maintien de cette recommandation sanitaire en faveur du télétravail pour tous et à temps plein tient de moins en moins la route quand les travailleurs de bureaux, à 90 % vaccinés, peuvent en tout temps fréquenter divers lieux publics et de divertissement. Des voix commencent à se lever et à remettre en question le prolongement de cette mesure. Les locataires de bureaux sont prêts à s’activer et à mettre à l’essai leur nouvelle stratégie d’occupation. Le recours au télétravail restera car il fait partie de la nouvelle réalité, mais son application ne sera pas uniforme, comme pendant les périodes de confinement. Il y a autant de formules hybrides que de cultures d’entreprises. Les locataires doivent s’assurer de trouver la formule hybride la mieux adaptée pour consolider la culture d’entreprise, souder les équipes et retrouver le plaisir de travailler ensemble.

Si les télétravailleurs ont été productifs au cours de l'année écoulée, ce fut à un coût humain important : 54 % des personnes interrogées ont déclaré se sentir surmenées et 39 % épuisées.